Le président français Emmanuel Macron pousse les Européens à adopter l’autonomie stratégique comme le meilleur moyen de revitaliser l’OTAN et de relever les défis mondiaux, de la pandémie au changement climatique en passant par la maîtrise des armements.
Soulager l’intervention américaine hors de ses terres
S’exprimant jeudi sur un forum en ligne du Conseil atlantique, M. Macron a déclaré : « nous devons être beaucoup plus responsables de notre voisinage ». Il exhorte les autres nations européennes à augmenter leurs dépenses de défense, démontrant ainsi clairement leur engagement à partager le fardeau de la sécurité avec les États-Unis. Plus tard, en réponse à une question, M. Macron a déclaré que « le Moyen-Orient et l’Afrique sont notre voisinage, pas celui des États-Unis ».
Il a ajouté que l’engagement accru de l’UE en matière de dépenses de sécurité mettait fin à une situation perdante où les États-Unis doivent engager un grand nombre de forces sur le continent et où les Européens n’ont pas leur mot à dire dans les grandes décisions concernant leur propre défense. « Nous entrons maintenant dans une nouvelle ère », a-t-il déclaré.
M. Macron a affirmé qu’il souhaitait que les Européens considèrent l’UE comme une entité concernée par la sécurité autant que par les questions économiques. L’Union devrait être une entité qui travaille en « coordination politique avec l’OTAN » pour assurer l’interopérabilité lorsqu’elle est appelée à agir. A titre d’exemple, il a cité les opérations françaises en Syrie avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour savoir comment cela peut fonctionner avec succès.
Mais en ce qui concerne l’OTAN elle-même, il a voulu ajouter une dimension politique plus forte à sa « superstructure militaire » dans les années à venir.
La Turquie dans le viseur
L’engagement de la Turquie dans l’OTAN est une préoccupation immédiate pour M. Macron, car elle est devenue plus autocratique, a cherché à obtenir des armes sophistiquées de Moscou et n’a pas prêté attention aux dangers que représentent pour les alliés ses actions militaires unilatérales de ces dernières années.
« La Turquie s’est mise dans une situation de folie » il y a deux ans dans le nord-est de la Syrie. Malgré les soldats et les marines américains et français qui travaillent aux côtés des forces démocratiques syriennes pour combattre l’ISIS, les Turcs ont lancé sans avertissement une attaque totale « contre nos mandataires ». La raison invoquée par les Turcs était le lien entre le SDF et les unités de protection du peuple (YPG). La Turquie considère que les YPG sont liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que les Turcs considèrent comme un groupe terroriste.
« La crédibilité des Etats-Unis et de la France a été détruite ». Emmanuel Macron a ajouté que la situation a été aggravée par la décision américaine de se retirer complètement de la Syrie à la suite de l’attaque. Il a déclaré que l’alliance doit clarifier les règles entre les Etats membres lorsqu’il s’agit d’intervenir dans un pays tiers.