L’empoisonnement de la figure de l’opposition russe Alexei Navalny avec l’agent neurotoxique Novichok a porté un coup à la stratégie de rapprochement du président français Emmanuel Macron avec la Russie, qui a troublé certains alliés de l’UE, selon les analystes.

Tout au long de la crise, la France a été aux côtés de son proche partenaire, l’Allemagne, où Navalny est soigné après être tombé malade dans un avion en provenance de Sibérie et qui a déclaré à Moscou que seule une enquête complète pouvait lever les soupçons d’une attaque commanditée par l’État.

Une relation déjà au point mort

Les analystes affirment que les relations très attendues de Macron avec son homologue russe, le président Vladimir Poutine, n’ont jusqu’à présent donné aucun résultat concret, malgré une diplomatie de haut niveau.

Il est peu probable que le dialogue Paris-Moscou soit complètement rompu, mais le différend a déjà fait sa première victime dans les relations avec l’annulation d’une réunion prévue à Paris la semaine prochaine entre les ministres des affaires étrangères et de la défense des deux pays.

La prochaine étape pourrait être un voyage de Macron à Moscou qui avait été prévu pour le début de l’automne.

Une situation qui compromet la crédibilité d’Emmanuel Macron sur le plan européen

« Nous pouvons continuer à discuter, oui. Mais continuer à entretenir cette illusion de rapprochement ne fait qu’affaiblir l’Europe et la cohésion de l’UE », a déclaré Nicolas Tenzer, professeur à l’École des affaires internationales de Paris.

« Je ne vois pas comment cela peut continuer dans ces conditions sans envoyer des signaux extrêmement inquiétants à nos alliés européens », a-t-il déclaré à l’AFP.

Macron, a-t-il ajouté, devrait faire attention à ne pas nuire à sa crédibilité en tant que leader européen après avoir mené avec succès un plan de relance économique post-coronavirus avec l’Allemagne.

« Tout cela risque d’être miné par une position que personne ne comprendrait à l’égard de la Russie », a-t-il averti.

Poutine et Macron avaient convenu lors d’entretiens téléphoniques cet été que le président français se rendrait en Russie, mais cela est maintenant menacé, a déclaré une source diplomatique française.